Quand on traverse une rupture de vie (séparation, licenciement, burn-out, découverte du handicap) il est fréquent de se sentir totalement paralysé. Tout paraît flou, l’avenir semble inatteignable, et l’énergie est au plus bas. Dans ces moments-là, beaucoup attendent un “grand déclic” : cette révélation soudaine qui changerait tout et redonnerait un cap.
Mais la vérité, c’est que ce grand déclic n’arrive pas toujours. Et ce n’est pas grave. Car ce sont les petites victoires, invisibles aux yeux des autres mais immenses à l’intérieur de soi, qui permettent de reconstruire pas à pas.
L’illusion du grand déclic
Quand on est en souffrance, l’esprit cherche souvent une solution radicale.
“Si je trouvais un nouveau travail tout de suite, ça irait mieux.”
“Si je rencontrais la bonne personne, tout changerait.”
“Si je retrouvais ma santé, je pourrais enfin avancer.”
Cette attente crée une double pression : celle de la douleur présente, et celle de l’impatience à voir les choses s’améliorer d’un coup. Résultat : on se décourage encore plus vite, car rien n’arrive “assez fort” ou “assez vite”.
Sortir de ce schéma demande de comprendre que le changement profond n’est pas un éclair, mais un chemin.
La puissance des micro-actions
Une petite victoire, c’est un geste, un choix ou une action qui paraît insignifiante de l’extérieur, mais qui a une valeur immense de l’intérieur.
Exemples :
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Se lever et s’habiller alors qu’on n’en avait pas la force la veille.
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Sortir marcher 10 minutes au lieu de rester enfermé.
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Réussir à dire “non” à une sollicitation qui pèse.
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Reprendre un carnet et écrire ses émotions.
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Appeler un ami et partager ce que l’on traverse.
Ces gestes ont deux effets majeurs :
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Ils redonnent du pouvoir sur soi : on reprend la main, même pour un instant.
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Ils ouvrent une brèche dans le brouillard : un moment de lumière qui rappelle que la vie continue.
La répétition de ces micro-actions crée une spirale positive : chaque petit pas rend le suivant un peu plus facile.
Reconstruire la confiance pas à pas
Quand tout semble perdu, la confiance est souvent la première à s’effondrer. On doute de soi, de ses capacités, de son avenir.
Les petites victoires jouent alors un rôle essentiel : elles deviennent des preuves concrètes que l’on peut encore avancer.
Par exemple, une personne qui reprend l’habitude de sortir marcher chaque jour retrouve non seulement une meilleure énergie physique, mais aussi une fierté de tenir un engagement envers elle-même. Cette fierté, même minime, alimente la confiance.
Et la confiance, une fois réactivée, devient le socle pour prendre des décisions plus grandes.
Le rôle de l’accompagnement
En art-thérapie ou dans un bilan de compétences, on commence rarement par définir un grand objectif futur. On commence par regarder les ressources déjà là.
Cela peut être la créativité qui s’exprime à travers un dessin.
Cela peut être une compétence oubliée que l’on redécouvre.
Cela peut être le simple fait d’avoir osé franchir la porte d’un accompagnement.
Ces petites victoires sont les briques avec lesquelles on reconstruit. Elles montrent qu’il n’est pas nécessaire d’avoir toute la vision de l’avenir pour avancer. Il suffit de se concentrer sur le prochain pas.